La journée de lundi marque le retour au travail d’environ 120 000 fonctionnaires fédéraux qui étaient en grève depuis 12 jours, après la conclusion d’une entente de principe dans la nuit entre leur syndicat et Ottawa.

La ratification de l’accord, qui prévoit une augmentation salariale de 12 % sur quatre ans, doit se faire au cours des prochaines semaines par les membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC). « Cette entente de principe représente des gains considérables pour nos membres, qui fixeront la barre pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs au pays », a déclaré par communiqué le président national de l’AFPC, Chris Aylward.

La hausse salariale est rétroactive à 2021 et doit s’échelonner jusqu’en 2024.

L’accord comprend aussi un montant forfaitaire unique de 2500 $. Pour les syndiqués approchant de la retraite, le montant forfaitaire accroîtra le salaire moyen de leurs cinq meilleures années de salaire, ce qui augmentera leurs prestations de retraite.

La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, a qualifié les accords de principe avec les différentes unités syndicales d’« équitables, concurrentiels et raisonnables ». En mêlée de presse, la ministre a fait savoir que le coût estimé de l’entente était de 1,3 milliard de dollars par année. Elle a souligné que l’entente était fixée sur quatre ans plutôt que trois, ce qui assurerait plus de stabilité selon elle.

Au cours des dernières semaines, les négociations portaient plutôt sur une période plus courte, le syndicat demandant 13,5 % de hausse pendant qu’Ottawa maintenait à 9 % son offre depuis le début du débrayage.

Mme Fortier dit avoir senti que l’impasse était en voie de se dénouer quand le Conseil du Trésor a formulé une proposition bonifiée vendredi dernier. « Je pense que c’est vraiment lorsqu’on a mis l’offre finale […] sur la table qu’il y a eu un tournant et qu’on a, les deux parties, mis toutes nos énergies […] pour arriver, après un très long week-end, à une entente très tôt ce matin », a-t-elle résumé.

Un terrain d’entente a également été trouvé sur le télétravail, qui a été un important point de litige tout au long des négociations ayant débuté en 2021. Les fonctionnaires devront continuer de se rendre sur leur lieu de travail deux jours par semaine au minimum, mais les gestionnaires devront évaluer les demandes de télétravail individuellement — et non par groupe.

Une lettre d’entente a été signée en ce sens et le Conseil du Trésor précise par communiqué qu’elle est indépendante des conventions collectives. L’AFPC estime que l’accord offrira « de meilleures protections en cas de décisions arbitraires au sujet du télétravail ».

Selon Yvon Barrière, vice-président exécutif régional de l’AFPC pour le Québec, cette entente aura des répercussions positives dans d’autres milieux de travail. « Je pense que c’est un pas en avant autant pour la fonction publique que pour les gouvernements provinciaux, pour les entreprises privées et aussi pour les municipalités », a-t-il soutenu.

L’entente de principe entre l’AFPC et le Conseil du Trésor prévoit aussi des protections d’emplois fédéraux dans les cas où Ottawa fait appel à des sous-traitants. Les membres qui font partie d’une communauté autochtone auront aussi droit à un jour de congé payé pour pratiquer des activités traditionnelles, ce que Mme Fortier a présenté comme un pas important vers la réconciliation.

Le fisc encore paralysé

Si le débrayage est terminé pour environ le tiers des fonctionnaires fédéraux, il se poursuit pour les quelque 35 000 employés de l’Agence du revenu du Canada. Le syndicat représentant ces employés et le gouvernement n’ont pas trouvé d’entente.

« On ose espérer un dénouement positif, et ce, le plus rapidement possible », a déclaré M. Barrière, évoquant son souhait qu’un accord survienne d’ici mardi.

Le 19 avril dernier, ils étaient en tout 155 000 fonctionnaires à des piquets de grève partout au pays dans le cadre de ce que l’AFPC a qualifié de l’une des plus importantes actions syndicales de l’histoire du Canada. Les perturbations causées par le conflit de travail ont été notables : ralentissements aux frontières, retards dans le traitement des nouvelles demandes d’assurance-emploi, d’immigration et de passeports.

La présidente du Conseil du Trésor n’a pas été en mesure d’indiquer une date de retour à la normale.